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Des jours, des nuits, des lunes... et un soleil ?

Publié le par Buster Casey

 Vous n'avez pas vraiment de but dans la vie. Pas vraiment d'implications ou de combats. Votre culture est votre seule arme, la seule chose pour laquelle vous montez sur les barricades. Vos emportements, vos crises de nerfs, vos coups de gueule paraissent évidemment bien dérisoire à votre entourage qui a bien du mal à comprendre pourquoi vous sortez de vos gonds pour des choses aussi futiles :

 - Le cinéma ? Pfff... On va pas au cinéma pour se prendre la tête. De toutes façons, y'a que des merdes au cinéma mais bon, on réfléchit pas. Et pis sinon, on télécharge...

 - La musique ? Au prix où ça coûte ? Et puis autant de disques, ça sert à quoi ? J'suis sûr que quand t'as fini de les écouter, tu te souviens plus du premier ! Ouarf ouarf ouarf ! Et pis sinon, on télécharge...

 - Les livres ? Ouais mais pas trop gros sinon j'oublie le début. Et puis les bouquins, ça sert à quoi ? De toutes façons, y z'en font des films qu'on télécharge... parce que les livres, on peut pas

 Rapidement, vous vous rendez compte que vous existez aux yeux des autres à travers quelques codes faciles. Comme vous écoutez du metal et que vous êtes allés voir Expendables au cinéma (en attendant le VRAI film et pas simplement un concept bandant mal mis en images), vous êtes un bourrin. Vous savez, le genre "Beeuarh" avec tous les petits clichés que ça suppose : un peu limité, peu enclin à goûter à la beauté des choses et dont la marginalité culturelle est aussi, un peu, synonyme de crétinisme. Vous êtes gentil et vous êtes aussi poli, vous dites "bonjour" et "merci" mais bon... Vu vos goûts, vous serez toujours un peu en dessous. Pas au niveau des gens qui réfléchissent, qui vont voir la Palme d'Or avec des étoiles plein les yeux, qui ont découvert le cinéma coréen hier après-midi et qui écoutent le dernier chanteur français que la presse suce à pleine bouche encense.

 Tous les jours, vous cherchez à être un mec bien. Vous ne cherchez plus à être parfait ou à vous en rapprocher le plus possible. Vous vous êtes psychanalysé avec les moyens du bord, comme on soigne une appendicite avec un trombone, un couteau suisse et un peu de mercurochrome. Vous en avez bavé, vous avez touché le fond, plusieurs fois. Vous avez stagné longtemps dans les abysses de votre âme. Vous avez combattu vos pulsions suicidaires et les moyens rapides d'abandonner le navire. Vous avez tenté de vous relever et vous avez trébuché de nouveau, vous étalant de tout votre long. Ce qu'il vous a fallu combattre, ce sont vos envies morbides découlant de votre fragilité sociale. Il a fallu vous combattre vous-même, jour après jour. Il a fallu vous regarder en face et gommer beaucoup de choses, accepter d'abandonner des poids que vous consideriez comme des acquis ou des qualités. Il a fallu faire face, ne plus céder à la facilité de la mort. Il vous a fallu comprendre que vous n'étiez pas seul. Ce monde est dur, ignoble, injuste et malsain. L'amour n'est pas donné à tout le monde et il n'est pas synonyme de bonheur. Mais vous n'êtes pas seul. Autour de vous... des parents, des amis, des gens qui vous ont soutenu et écouté, qui étaient là quand ça bardait dans votre crâne. Des gens qui souffrent pour vous, qui s'inquiètent et vous tendent les bras. Des gens qui vous aiment et vous acceptent dans votre mouvance intérieure chaotique.

 Vous vous êtes relevé, encore. Aujourd'hui, vous tenez debout. Vous avez abandonné la perfection, trop à la mode autour de vous. Mais vous refusez la médiocrité, hyper tendance autour de vous. Vous essayez de vivre en harmonie avec ce que vous avez extirpé du fond de vos tripes. Vous vous connaissez mieux. Vos qualités, vos faiblesses et vos défauts. Vous apprenez à vivre avec, à les cultiver, à les corriger et à ne plus en avoir honte. C'est difficile et c'est un combat quotidien dont, souvent, vous ne voyez ni l'utilité, ni la récompense au bout.

 Vous apprenez à ne plus jalouser les autres. Vous apprenez à ne plus souhaiter le malheur des autres... enfin, pas tout le temps. Vous apprenez à vous libérer des autres, à prendre du recul par rapport à vos sentiments. C'est une tâche quasi-inhumaine pour vous, le drogué des émotions. Vous y courrez tête la première même si ça vous détruit et vous laisse sur le carreau, le nez en sang et des larmes plein les yeux. Vous êtes en manque quand vous êtes calme. Vous vous sentez gris et délavé. Il vous faut votre joie, votre rire, votre peine, votre colère, votre stress... Vous les provoquez pour pouvoir les dompter, les appréhender, les contrôler. Des fois, ça rate et vous avez le cul par terre. Vous vous relevez. Vous n'êtes pas parfait mais vous essayez d'être digne. Vous voulez marcher dans les pas de vos parents, de votre famille, de votre histoire. Votre vie a un goût de miel comparé à leur passé, à leurs épreuves et à leurs luttes. Ils vous ont choyé et appris beaucoup de choses. Ils vous ont surtout appris à garder le menton haut. Mais à la différence d'un nombre incalculable d'abrutis autour de vous qui croient que garder la tête haute signifie faire baisser les yeux à ceux d'en face, vous avez appris que la dignité passe aussi par le respect des autres, les écouter et les comprendre. Vous ouvrez vos oreilles et fermez votre bouche. Cela ne fait pas de vous une carpette qui dit oui à tout, juste quelqu'un qui a une meilleure vision de ce qui l'entoure. Vous observez au-delà de votre nombril. Le monde est infect et bruyant. Et vous devez vivre avec.

 Tous les jours, vous essayez d'être un mec bien. Vous mettez votre orgueil et votre ego de coté pour pouvoir survivre à votre coeur et à votre boulot. Vous apprenez à faire quelque chose de bien pour le groupe sans forcement courir après des lauriers, des récompenses ou des compliments. Juste parce que vous sentez que vous devez le faire. Vous ne voulez plus combattre l'immobilisme, les révolutions de comptoir ou les pensées figées, ceux qui expliquent ce qu'il faut faire après la bataille, les bras croisés et le verbe sentencieux masquant une incapacité chronique. Vous luttez moralement contre un travail formidable rendu invivable par une chaîne de ventilateurs doués de parole. Votre travail n'aura pas votre peau ! Mais en êtes-vous si sûr ?

 Vous faites face à la désillusion amoureuse et vous encaissez comme vous le pouvez. Des avis qui changent, des personnes qui se dérobent. Soudain, celle-ci vous fauche les jambes avec la candeur d'une innocence fort... innocente, par le biais d'une nouvelle mal emmenée. La claque résonne mais vous en tirez les conséquences. Le drame n'aura pas lieu, il n'avait pas lieu d'être. Soudain, celle-là, que vous aimez (ou, du moins, le pensez-vous sincèrement) apparaît chaque jour moins brillante. La réalité rattrape un portrait ébréché. Vous réalisez quotidiennement que votre amour est un être humain. C'est déjà une étape importante et la perfection n'est pas un but à atteindre. Certes... Mais cela doit-il vous faire fermer les yeux d'un comportement que vous n'acceptez chez personne d'autre ? Elle n'a pas l'étoffe et ses défauts si charmants au départ, ce caractère trempé et cette fragilité supposée ne sont qu'un énième sac de névroses utilisés à tort et à travers. Vous en avez ras le bol des névrosées psychosées, des torturées du nombril, des rouleurs de mécanique égoïstes et autres masochistes des relations humaines. Vous avez besoin d'un cadre, d'une ligne d'horizon. Vous n'avez pas de but, vos objectifs sont flous, vos priorités sont incertaines. Il vous faut une personne qui vous guide et vous réconforte, une caresse sur le visage suivi d'un coup de pied au cul. La perfection n'existe pas, le romantisme non plus. Ne reste alors qu'à adoucir un quotidien trop brut. Votre amour doit vous guider, pas vous perdre encore plus. Votre amour doit faire grandir des ressources inutilisées en vous, pas étouffer celles que vous essayez de cultiver. Votre amour est votre test de vérité, celui qui vous dit clairement qui vous êtes. En êtes-vous capable ?

 Tous les jours, tenter d'être un mec bien dans un monde qui s'auto-détruit n'est pas une sinécure. Vivre avec vous-même n'est pas une sinécure. C'est un combat du lever au coucher. Tous les jours, vous aimeriez être plus intelligent, plus perspicace, plus courageux, plus droit, moins faible, moins résigné, moins silencieux. Gagner de la force, gagner de la confiance, gagner de l'autorité. Gagner de l'amour-propre. Perdre de cette déprime qui vous colle à la peau.

 Mais vous avez un soleil. Plusieurs soleils, en fait. Des gens admirables et adorables. Des "blessés de la vie" qui avancent coûte que coûte, des malheureux magnifiques, des perdants obstinés à ne pas mettre un genou à terre, des âmes immenses qui palpitent de douleur. Vous savez que l'amour est impossible, douloureux et injuste, vous, le coeur cassé en quête d'absolu. Mais vous ne pouvez pas vous empêcher d'aimer les dragons blessés plutôt que les serpents en pleine forme. Et votre soleil brille, devant vous, en vous. Et ces jours-là, vous êtes fier de vous. De votre culture beaucoup plus vaste que ces bien-pensants intello qui ne vous arrivent pas à la cheville, de votre façon d'être qui ne souffre que de peu de discussions, de vos positions affirmées, de votre évolution en tant que personne, de votre courage et des gens que vous portez en respect.

 Ces jours-là, vous êtes heureux.

 Bonne nuit...

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F
<br /> <br /> Décidement, ça cause, suis bouche bé...encore bravo, je ressens les mêmes choses mais suis incapable de les exprimer...bravo pour le talent...continuez ça fait du bien...<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Merci<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> Bâh moi je pense avoir trouvé le truc en bientôt 34 ans de carrière terrestre : mettre le cerveau au vestiaire (il m'a un peu servi pendant la période pourrie qu'on appelle la scolarité [si<br /> quelqu'un arrive à me prouver que ça sert à quelque chose à part humilier, traumatiser, isoler et détruire les ambitions déjà minces des jeunes, je lui dis bravo et lui offre un chocolat]),<br /> entretenir tant bien que mal ma carcasse qui commence à disjoncter notamment au niveau des lombaires et des neurones (oui, bon ça c'est pas nouveau), et surtout me marrer parce que franchement,<br /> la vie est courte et mieux vaut en rire (tiens je mettrais bien ça en tant qu'épitaphe sur ma tombe, s'il me reste des sous).<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Voilà qui est dit !<br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> <br /> J'aime bien (je préfère même) Bichon et Bichonette que Bougre Pote ^^<br /> <br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> *sur le cul*<br /> <br /> <br /> J'ai rien à ajouter....<br /> <br /> <br /> *frissons*<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bises Bichon !<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Bises Bichonette :)<br /> <br /> <br /> <br />