La Seance Du Dimanche n°6
Surveillance
de Jennifer Lynch
La critique risque d'être courte. Non pas qu'il n'y a rien à dire sur ce film, ni qu'il soit mauvais mais si vous cherchez un OVNI filmique pour égayer un
samedi soir un peu solitaire... Surveillance vous fait de l'oeil.
Résumons. Deux agents du F.B.I. débarquent dans une petite ville perdue des États-Unis. Ils ont là pour élucider... quoi ? Nous l'ignorons. Après l'habituelle guerre de juridictions entre
les differents services au bureau du shérif et l'installation du matériel vidéo, les interrogatoires commencent, menés sous l'oeil de l'agent spécial Hallaway. Trois témoins : un flic
agressif et blessé, une junkie effrayée et une petite fille renfermée. Tous les trois sont sous le choc. A cause de quoi ? Nous l'ignorons. Et qui est ce couple sauvagement massacré, retrouvé
chez lui ?
Ainsi va le film, jetant ses informations avec parcimonie, laissant traîner ça et là des indices, des phrases, des regards, des informations capitales en plan avant d'y revenir... Au fur et
à mesure l'enquête prend forme à travers le récit des trois témoins. Trois récits complètement opposés à la fois violents, délirants, angoissants, absurdes. Trois récits qui finiront par se lier
inextricablement autour d'un évènement ultra-violent. Entre-temps, le film aura vadrouillé en des terres multiples comme la comédie, le thriller, l'horreur, remontant minutieusement son puzzle,
alternant le superflu et l'essentiel et déséquilibrant leur importance. Les allers-retours incessants entre le passé (récits) et présent (l'enquête) donne une dynamique étrange au film.
En fait, je ne m'étendrai pas sur Surveillance dans la mesure où il faut le découvrir, vivre ça comme une expérience, accepter consciemment d'être ballotté d'un genre à
l'autre, accepter d'être volontairement frustré dans le déroulement de l'histoire. Tout se joue sur la découverte d'éléments disparates qui finissent par se rassembler dans un tout cohérent
et un final suffocant où l'amour fou le dispute à la monstruosité, l'innocence à l'horreur humaine. Il faut accepter d'être surpris, amusé, intrigué, énervé, secoué et choqué. Bref, se
plonger dans un inconnu total, vierge de toutes informations pour ressentir ce film, réalisé au cordeau par la revenante Jennifer Lynch (fille de) et porté par une brouette d'acteurs
géniaux. Voilà, pour cette semaine, il faudra y aller à l'aveugle...
Sinon, le DVD, il nous raconte quoi ? Edité par Wild Side, on peut dire que c'est de la bonne came (comme disent les jeunes). Une image propre et respectant au plus près les partis-pris
colorimétriques du métrage, une piste DTS qui appuie l'ambiance et des bonus chiches mais pas tous inintéressants. Un "making-of" court mais bien balancé, une fin alternative qui change
complètement la donne du film et deux scènes coupées dispensables. Mais bon, tout l'intérêt de la chose, c'est le film, non ?
A bon entendeur...