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Regression

Publié le par Buster Casey

 Je n’aime pas écrire pour cette raison. Pendant des années, l’écriture n’a servi que d’exutoire à mon mal-être et j’avais réussi à y mettre fin. Certes, écrire permet de s’alléger (momentanément) du poids qui pèse sur notre âme mais la frontière est mince avec une certaine perversité à se vautrer encore et encore dans notre malheur. J’ai finalement réussi à arrêter d’écrire sur ce qui tourmentait mon esprit, parce qu’écrire ne change pas un destin. Ce qui doit arriver arrive. Evidemment, cela n’a pas calmé mes humeurs mais j’ai tenu bon. C’est pourquoi ce que je fais maintenant s’apparente pour moi à une forme d’échec, à une forme de régression. Au final, une émotion plus forte qu’à l’accoutumée a suffi à déchirer le rideau derrière lequel je cachais mes démons. Et me revoilà à faire des lignes sur ma torture mentale, mes amours déçus et mes frustrations quotidiennes. Ce qui me déçoit n’est pas tant de retrouver mes 14 ans et mon malaise juvénile, c’est de me rendre compte que les peintures qui se dessinent dans mon esprits s’épaississent de plus en plus de noir. Que ces formes deviennent de plus en plus effrayantes. Qu’aucune lumière ne parvient à filtrer dans mes pensées, dans mes réflexions, dans ma vision du monde. Que mon cœur éperdu d’amour se pare désormais d’une profonde mélancolie, tenace et froide, sur mes contemporains et leurs comportements. J’aimerai tellement ne plus écrire ces mots, ces mots que j’ai déjà écrit tant de fois, déjà lus tant de fois, ressassés tant de fois. Mais que c’est lourd un cœur plein de larmes ! Que c’est pesant un cœur en peine ! Qu’il est douloureux un cœur qui se resserre sur lui-même jusqu’à en mourir ! Qu’il est pénible cet espoir qui ne veut pas abandonner ! Qu’il est horrible d’avoir raison, de se rendre compte que mes semblables n’ont plus de sens commun, que chaque mot, chaque geste, chaque regard, chaque pas m’éloigne un peu plus d’eux, du monde, de tout. Que cette victoire est déplaisante… Qu’il est froid ce désespoir qui m’envahit un peu plus chaque jour et que je n’ai plus la force d’arrêter. Mes illusions se sont effondrées une à une, le champ est libre. Pourquoi mon cœur a-t-il voulu cette bataille ? Un espoir réel ou une tentative de suicide ? Résultat, l’ennui a planté le drapeau de la victoire. Et de l’ennui découlera le spleen, le dégoût, la déception, la jalousie… Ah, la jalousie ! La belle inconnue qui s’est invitée au bal et avec qui je danse désormais. Mon cœur veut-il mourir ? Je le comprends quelque part… Que ce monde est gris maintenant que tu es partie…

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