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Cinema 9

Publié le par Buster Casey

  Mesrine : L'instinct De Mort  /  Mesrine : L'ennemi Public Numero 1 de Jean-François Richet

 

 

 Dans la vie comme au cinéma, le personnage Mesrine aura suscité bien des passions. Après des années de négociations et de développement houleux, le double programme du criminel le plus recherché de France débarque enfin sur nos écrans. Produit par Thomas Langmann (qui cherche sa voie dans le métier apparemment) et interprété par Vincent Cassel (notre meilleur acteur français), Mesrine : L'instinct de Mort (d'après son propre livre) et Mesrine : L'ennemi Public N°1 forme un diptyque complémentaire et indépendant, comprendre qu'il n'est pas nécessaire de voir le premier pour apprécier le second.

 

 Que dire sur ces films ? Compte tenu du battage médiatique et promotionnel fait autour de cette figure criminelle, ma critique va tourner court et redondante. Confirmons donc quelques points.

 

 Oui, Vincent Cassel explose l'écran. Il porte le niveau d'acting (comme diraient les snobs) très haut. Mais loin de cabotiner pour occuper l'espace et vampiriser l'écran de sa présence, il donne suffisamment de crédibilité et de naturel à son interpretation afin de permettre aux autres acteurs (dont un Gerard Depardieu revenu de beaucoup de mauvais rôles) de pouvoir exister aussi, même si leur durée dans le film est souvent réduite à l'apparition (Samuel Le Bihan, merci bonsoir ; Ludivine Sagnier, assez peu exposée au final...). Mention toute particulière à Gérard Lanvin qui interprète un Charlie Bauer confondant de mimétisme avec son modèle.

 

 Ensuite, le film est assez intelligent pour ne pas faire passer Mesrine pour un angelot, un gangster blanc comme neige. Même si Richet ne peut s'empêcher de temps en temps de laisser pointer une certaine fascination pour la légende, il n'occulte jamais les moments d'un homme contradictoire, mégalo, prétentieux et rongé par une violence effroyable. Cette complexité est plus visible dans le premier volet où le cheminement intérieur d'un homme qui va se briser pour devenir "l'ennemi public n°1" est montré de façon intéressante et brutale. Le deuxième volet, entièrement axé sur la période "flamboyante" du bonhomme dans les années 70, peut laisser penser à un abandon de cette noirceur au profit d'un ton comédie plus large. C'est un trompe-l'oeil : si Mesrine explose dans toute sa démesure médiatique (recherchée par l'interessé) et apparaît alors comme plus débonnaire et drôle, le fond est toujours là. En ce sens, la scène du tabassage du journaliste de Minute, qui lui a consacré un "mauvais papier", est insoutenable et absolument pas édulcorée.

 

 A ce propos, il convient de signaler aussi deux choses. D'abord, la remarquable mise en scène de Jean-François Richet, qui en appelle à une imagerie du cinéma franc du collier des glorieuses 70. C'est sec, sans fioritures, toujours lisible et juste (pour preuve, la partie sur la porte de Clignancourt, admirable). Ensuite, la musique du film, absolument magnifique. Malheureusement, je ne sais pas le nom du compositeur mais il a réussi un boulot formidable.

 

 Au final, au terme de deux films, Mesrine reste un personnage complexe, alternant fascination et répulsion, emphatique et impardonnable. Le personnage semble mieux dessiné (fruit d'un long travail de recherches) et, paradoxalement, toujours aussi fuyant. Cette constante dans sur le fil pourra toujours laisser les deux partis fermement campés sur leurs positions (assassin ou braqueur romantique lâchement exécuté) mais il faut le souligner de nouveau : le film ne prend jamais parti pour un extrême. Cela peut-être sa force comme sa faiblesse. En tout, Mesrine est le genre de films dont le cinéma français avait grandement besoin, par son sujet, sa technique, sa force et son courage. Pour le coup, j'en viendrai presque à remercier Thomas Langmann et à oublier qu'il nous a infligé Asterix aux Jeux Olympiques.

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