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Article sans fond

Publié le par Buster Casey

 Ne plus pouvoir parler, c'est le stade ultime. Avant ça, c'est de ne plus pouvoir t'exprimer qui te ronge.
 
 Pour toi, ignare de la psychologie, la perte des émotions et l'impossibilité d'extérioriser cette absence de douleur sont les dernières marches de la dépression avant le bouclage total. Le stade ultime. Fermeture du magasin. Liquidation totale. Mais avant ce silence subie, tu passes par l'impossibilité d'écrire. Et pour toi, l'hermétique du sentiment oral, c'est comme une castration. Tu sens que quelque chose te manque mais tu ne sais pas quoi. Depuis des semaines, tu cherches à comprendre ce qui te perturbe, d'où te vient ce sentiment d'incomplétude.
 
 Tu regardes tes démons dans les yeux. Depuis quelques lunes, tu parviens à faire face à des sentiments qui t'auraient mis à genoux. Tu vis, tu subis et tu digères. Le malheur des autres aide beaucoup, certes, mais tu parviens à gérer ces émotions. Tu te sens plus "fort" dans ta faiblesse. Tu fais face à ce boulot qui aura raison de toi à un moment ou un autre mais tu parviens à rester stable, à presque aimer ça, comme une expérience sado-maso. Parce que ton travail est devenu ta vie, ta dame de coeur, ta résidence secondaire, ton lieu d'expression, ta scène de théâtre, ton lieu de rencontres, ton parc de socialisation. Ton travail sur tes démons, sur tes émotions négatives, ton moi psychologique. Parce qu'il en faut pour rester sain là où tu bosses, tant la névrose peut devenir une maladie transmissible, une tache gluante sur ta peau dont tu n'arrives pas à te défaire et qui te transforme en ce que tu ne veux pas devenir.
 
 Tu tiens ton coeur dans la main. Malgré une succession d'échecs presque méritoires, malgré un comportement illogique prédominant chez tes (non-)partenaires, malgré un célibat et une solitude que tu aimerais rompre, tu parviens à ne pas te briser en morceaux. Aurais-tu mûri, grandi, évolué ? Autour de toi, les gens sont paumés. Les célibataires sont catastrophés, angoissés, tiraillés... Leur avenir est sombre, tout s'écroule et personne ne voudra d'eux ! Alors ils se jettent dans les bras de n'importe qui, histoire d'atténuer leur peine et leur douleur. Ils se disent qu'en couple, c'est la bonne combinaison. A deux, c'est plus qu'à un, non ? Et puis, ils font parties du cercle des "gens en couple". Ils rencontrent d'autres gens comme eux. Des gens ensemble et qui n'arrivent plus à se voir. Car l'autre, c'est l'enfer ! C'est des cris et des larmes, des concessions et un estomac qui se noue. Des tripes qui font mal et des têtes qui bourdonnent sous le crépitement des pensées. A deux, c'est une solitude encore plus présente, une différence encore plus marquante. L'enfer, c'est eux !
 
 Ton démon tient ton coeur dans sa main. Tu le regardes dans les yeux. Tu n'as plus peur de la douleur qu'il pourrait t'infliger. Tu avances et tu tombes. Tu tombes et tu te relèves. Facile, non ? En traversant tout ça, tu t'es même dit que tu pouvais y arriver...
 
 Et soudain, le vide...
 
 Au départ, ce blog n'a jamais été qu'une soupape de sécurité. Tu ne voulais pas parler de toi en tant qu'être. Parler de tes hobbies, de tes potes, de tes petits tracas quotidiens, en bref raconter ta vie. Tu as toujours tenu à parler de tes passions de la façon la plus sincère possible, de faire en sorte que même une personne qui n'y connaîtrait rien puisse être, sinon autant passionnée, au moins intéressée par tes écrits. Mais au départ, tu as écrit parce que tu ne pouvais plus contenir ce qui barbotait dans ta tête. Tu n'as pas créé un blog pour remplir un vide mais pour évacuer un trop plein : un trop-plein de choses à dire et un trop-plein de sentiments qui ne demandaient qu'à être couchés sur une page virtuelle pour exprimer leur souffrance. Tu n'as pas raconté ta vie : tu as hurlé ta mort à visage couvert. Et plus que tout, en liant un ensemble d'articles disparates, tu as laissé parler ces démons, tu les as mis à plat avec toute l'impudeur qu'un pseudonyme peut permettre. Ta frustration d'être humain trop fragile dans ce monde absurde et primitif, ta quête désespérée d'un amour trop destructeur, ta recherche futile d'acceptation par autrui, ton dégoût véritable pour tout ce qui t'entoure et ton besoin presque vital de musique.
 
 Ton blog fut un cri primal. Chaque article naissait dans la douleur. Chaque article te dégoûtait plus que jamais. Pourquoi s'infliger ça continuellement ? Mais quel poids en moins sur la poitrine une fois l'article paru ! Quelle petite fierté de le soumettre à tes 5 lecteurs !
 
 Et puis plus rien ! Plus d'inspiration, plus d'envie. L'impossibilité d'écrire quelque chose qui se tient. De la merde par paragraphes entiers. Tu essayes, tu bloques, tu n'y arrives pas. Tu laisses, tu attends, tu t'occupes, tu oublies. Ton démon a ton coeur dans la main et tu le regardes dans les yeux. Et même ça, tu n'arrives plus à l'écrire. Alors, tu décides de supprimer ton blog. Tu n'as plus rien à écrire qui en vaille la peine. Tu commences à rédiger ton dernier article et même là, tes mots te fuient.
 
 Et c'est la crise ! Ta douceur de vivre, ton statut d'homme "fort", ta patience, ton sentiment de quiétude et ta gestion des sentiments... Ton paravent a des trous béants. Ton silence embarrassé à parler de toi n'est pas une forme de timidité ou de réserve. Tes doigts suspendus au-dessus de ton clavier, dans l'incapacité de frapper les touches, sont le premier des symptômes. Ton silence a commencé par les doigts. Ce ne sont plus tes mots qui ont fui : ton unique talent est cassé ! Ta capacité à écrire a foutu le camp.
 
 Le démon a ton coeur dans la main. Qui le lui a donné ?
 Tu as essayé, tu as échoué. A qui la faute ?
 Tu sais que tu ne t'accorderas jamais avec la vie. Ce qu'il y a au fond de toi n'est pas qu'un simple jeu d'ombres. Ton démon n'est jamais parti. Il a juste attendu dans son coin. Il a attendu que tu lui donnes toi-même ton coeur. Ce n'était pas un test ou une preuve de courage de ta part. C'était ton allégeance silencieuse. Ton calme n'est pas un signe de maturité : il est ton abandon total. Quelle est l'étape suivante ?
 
 Ton pire ennemi n'a jamais quitté la partie...
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P
<br /> tu brûles...<br />
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B
<br /> <br /> Princesse au Petit Pois ?<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> 1/ Merci pour le blog...<br /> <br /> <br /> 2/ suis Dark aujourd'hui, donc tu as raison !!!!<br /> <br /> <br /> Et pour PPP, c'est les initiales d'une fille dans un conte... Ca me correspond assez bien...<br />
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B
<br /> <br /> 1/ De rien...<br /> <br /> <br /> 2/ Sur le coup, j'ai pensé à Petite Pute à Phrange mais je me suis dit qu'on se connaissait pas assez pour un calembour aussi pourri et limite. Après j'ai pensé à Petite Princesse Parfaite... et<br /> là, c'est pas un peu mégalo ??<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> Je pense que tu as tort et raison....<br /> <br /> <br /> Ouah ! quelle participation !<br /> <br /> <br /> Raison dans le sens où quand je vais pas bien, quand je suis Dark, je pense la même chose...<br /> <br /> <br /> Tort dans le sens où quand je vais bien (comme c'est actuellement le cas), je te dirai : mais non ! un peu d'espoir que diable !!!!<br /> <br /> <br /> bref, en tous cas, kiss for you<br />
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B
<br /> <br /> Kiss you too alors...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> P.S. Ton blog est assez sympa.<br /> <br /> <br /> P.S. 2 : Pourquoi PPP ?<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Je laisse un com. Mission remplie.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Post suivant ;)<br /> <br /> <br />  <br />
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B
<br /> <br /> Cet opportunisme me laisse sans texte...<br /> <br /> <br /> <br />