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Dans Les Brumes Electriques #18

Publié le par Buster Casey

001-copie-3 Une photo d'un glamour ravageur, histoire d'illustrer ce numéro 18 d'octobre 1995. En même temps, quand vous mettez un groupe comme AC/DC en avant, il ne faut pas s'attendre non plus à un défilé homme de chez Cardin pour une collection de slips... ce que quelque part nous ne leur demandons pas ! Un AC/DC qui vient présenter son nouvel album et pour qui le changement ne sera pas pour maintenant... voire même jamais, de toutes manières. Je les ai longtemps haï pour ça, de cet immobilisme musical revendiqué et d'un coté neuneu horripilant. C'était une période sombre pour moi, de changements dans ma vie et de mes premiers pas dans le vrai monde, pas que j'ai tenté de reculer le plus possible mais vous savez ce que c'est : à un moment donné, faut se jeter ! Toute la problématique est de savoir comment atterrir. Bref, la musique, le hard, le heavy et toute cette frange extrême dont je n'osais approcher mais qui me faisait les yeux doux, étaient ma planche de salut face à une réalité froide et cruelle. Certains fument, d'autres se droguent, les derniers baisent, moi j'ai écouté mes disques. Cela n'a pas soigné ma fragilité émotionnelle en pleine croissance mais au moins, cela ne l'a pas empirée et m'aura servie de planche de salut... encore aujourd'hui. Vous comprendrez donc un peu mieux pourquoi les gugusses qui me parlent de musique téléchargée comme de leurs chemises me collent des pulsions homicides.
 
 Mais revenons à nos moutons avec le "grand retour" de nos rockers australiens. Oui, les gens ont souvent tendance à l'oublier mais AC/DC est bien originaire du pays des kangourous. Cinq ans depuis The Razor's Edge, trois depuis le gargantuesque Live, mine de rien ça file et nombre d'esprits chagrins voyaient les adeptes du courant alternatif kaputt pour de bon. Mais la nouvelle offrande est tombée en septembre 1995 et se nomme Ballbreaker. Sur le contenu même du disque, je vous renvois à la fin à la section skeudz que vous devez commencer à connaître un peu. Bref, nous retrouvons une bande de cinq prêts à bouffer le monde à nouveau et on commence surtout avec le retour au bercail de Phil Rudd, batteur historique de la formation, retour que HnH avait jugé fantaisiste au moment où la nouvelle dépassait le stade de la rumeur. Je ne vais pas en remettre une couche mais cela avait de quoi surprendre puisque le démissionnaire "forcé" pour l'occasion, Chris Slade, était loin d'être une brêle, précis comme un métronome suisse et nanti d'une frappe de bûcheron. Pour les puceaux, je vous conseille le Live At Donington en DVD, vous verrez de quoi je parle. Quant aux modalités du remplacement proprement dit, il a été d'une simplicité enfantine : la dernière date de la tournée se passant en Nouvelle-Zélande, pays où vit Phil Rudd depuis 10 ans, celui-ci est allé voir le groupe et leur a "tout de suite exprimé son souhait de revenir jouer" avec eux. En manque, le garçon ? Apparemment, ce qui a suffi à Angus pour le faire venir répéter en studio en Angleterre et comme tout cela s'est passé à merveille... Vous connaissez la suite : Salut Phil, casse-toi Chris ! Le plus beau dans ce conte de fée est que le pauvre licencié n'avait rien à se reprocher : "Certes, Chris Slade est un grand batteur doublé d'un type vraiment bien, mais pour nous ce qui compte dans ces cas-là c'est d'abord la musique, plus que les histoires de personnalité." Voilà qui fera plaisir à l'intéressé, qui l'a toujours bien au fond de la gorge aujourd'hui et on le comprend.
 Cette broutille réglée, l'interview embraye les questions basiques et si tout cela se lit sans déplaisir, on ne décrochera pas le Pulitzer ce mois-ci (détenu de toutes manières par Tony Horwitz. Je suis sûr qu'il écoute même pas de metal, ce baltringue...). C'est un peu le système de l'entonnoir mais à l'envers : on commence avec l'album, on agrandit avec la tournée et on finit sur des propos généraux. On cause d'abord du clip réalisé pour Hard As A Rock et la "cascade" d'Angus Young, juché sur une énorme boule noire. Je ne vous en dis pas plus, vous découvrirez ça de vous-même dans la section clips. On en vient ensuite à la "patte" du grand gourou de la production Rick Rubin, qui évite les échos et autres effets sonores pour offrir un rendu sec. Je vous ai déjà parlé du bonhomme qui avait fondé un label de rap, Def Jam, et produisait nombre de disques de hip-hop. Comment ce type est devenu le grand manitou de la production metal au point que tout le monde se l'arrache aujourd'hui, c'est une bonne question. Son amour du genre et, surtout, le fait que les groupes sonnent du tonnerre avec lui aux manettes parlent pour lui. Bref, n'ayant pas pu l'avoir sur l'album précédent, le bonhomme fut aussitôt appelé pour celui-ci.  Angus se souvient : "Notre première rencontre remonte à 1986 je crois, nous jouions quelque part dans le New Jersey et Rick avait tout spécialement fait le déplacement pour nous faire part de quelques samples rythmiques empruntés au "vieil AC/DC" dont il s'était servi pour ses productions rap de l'époque." Il profitera de l'occasion pour proposer se services et, étant en plus fan des zozos, ajoutera que quand ses camarades, fan de Led Zeppelin, lui demandait de justifier sa fanattitude, il leur répondait qu'il fallait quatre albums de Led Zep pour égaler l'énergie d'un seul d'AC/DC. Ce qui est on ne peut plus juste, soit dit en passant. Une énergie qui est au centre même de l'enregistrement puisque Angus est un farouche partisan de "la prise direct quasi live". Une attitude qui a ses origines à leurs débuts où, fauchés, ils devaient économiser longtemps pour pouvoir faire quoi que ce soit : "Sans argent, tu ne peux pas être en studio ! Alors quand on me dit "Tiens, c'est le premier album de tel ou tel groupe" et que j'apprends que les types ont carrément passé deux ans en studio avant de sortir... ça, je me dis d'abord que c'est une histoire de gros sous." Ce qui pousse le groupe à se présenter aux studios préalablement préparés, ce qui nous chan QUI A CRIE METALLICA ??? Hephaistos, fais gaffe !!!
 On parle ensuite sur la tournée et, déjà en 1995, on s'inquiétait de savoir si elle serait la dernière. Marrant, ça ! Angus confirme que non et assure que la bande essaiera d'aller partout (et de nous évoquer un petit souvenir de Russie). En plus, il promet un show démentiel au public, compte tenu de tous les agréments offerts aujourd'hui pour monter des scènes spectaculaires.
 Et là, ça bascule. Prenant son courage à deux mains, Dom' Dujean entreprend de faire parler le guitariste sur ses goûts musicaux. Il faut se remettre dans un contexte si vous voulez bien comprendre ce qu'il va se passer dans quelques numéros : à l'âge qui était le mien en 1995, mes horizons musicaux s'ouvraient comme des jeunes filles un soir de beuverie. Je dénombrais moultes formations, moults styles et familles et me réjouissais de la vitalité et de la diversité de mon monde musical adoré. Bref, je découvrais chaque jour raisons de m'émouvoir, m'exciter, m'horrifier, m'effrayer et m'émerveiller... et je crois que j'en demandais autant des musiciens que je lisais dans HnH ! Trop, peut-être ? Toujours est-il que la réponse un peu bornée donnée par Angus me piqua au vif : "Rien ne m'a jusqu'ici donné envie de m'éloigner de mes bases personnelles." Comprendre le blues et le vieux rock. Pour enfoncer le clou, il nous narre une anecdote. Il se trouvait "dans un Virgin Megatruc ou Tower Recmachin" et furetait dans les allées, insensible à la "musak" qui se déversait des sonos (pour ça, je le suis à 100% : j'ai souvent envie d'être sourd quand je rentre dans un Virgin). Soudain, c'est le choc, la pétrification ! Un "truc irrésistible" lui titille les écoutilles... et il se met à danser ! Oui, si c'est vrai, il est un peu con mais passons ! Il s'enquiert alors à l'un des vendeurs qui lui répond qu'il s'agit de John Lee Hooker. Pour un féru de blues, chapeau bas mais passons aussi ! Il décide d'acheter l'album et a à peine fini de payer qu'une quinzaine de personnes veulent acheter le même. "Tout ça est donc une question de goûts personnels, mais aussi un peu de réactions inhérentes à la nature humaine, comme un match entre la personnalité et l'inconscient collectif." Heu... hein ? Bref, non seulement il écoute toujours la musique des années 60, ne connaît aucun groupe actuel mais d'évidence ne sait pas non plus ce qu'il écoute. Un comportement qui justifie aussi sa non-participation à des projets extérieurs à AC/DC. Pour le coup, sa réponse est humble : "J'ai eu de nombreuses propositions de ce genre mais dans ces cas-là, je réponds toujours "Regardons les choses en face ; ok, je sonne super avec AC/DC. Mais si vous me retirez de ce contexte musical, vous risquez aussi de vous demander "Hein ? Mais c'est quoi ces notes horribles, là ?" alors laissons tomber." Je me suis fait un nom, certes, mais c'est d'abord et surtout grâce à AC/DC que les gens ont pu me connaître et m'apprécier."
 Pour terminer, on cause un petit peu de sa petite santé (comme si c'était un croulant !) et de son jeu furieux on stage. Angus explique ne pratiquer aucun sport sauf celui de la scène, appuyant de tout son corps sur les cordes de sa guitare pour obtenir un "bend" (je cause technique pour les deux guitaristes du fond) et n'utiliser aucun vibrato sur sa gratte. Un détail que j'avoue n'avoir jamais remarqué. Dom' Dujean fait ensuite une allusion au célèbre masque à oxygène dans Let There Be Rock, une sécurité du grand frère Malcolm pour éviter que son frangin ne perde connaissance dans la chaleur des petits clubs, à l'air pur assez rare. Point culture d'ailleurs : ce docu-live est ressorti en DVD, rafraîchi et remastérisé, et c'est une des plus grandes claques publiques que vous vous prendrez dans la poire avec un minuscule Angus Young perdant des LITRES de sueur sur sa guitare. Vous savez que l'idée que vous mourriez bête me terrifie alors n'hésitez pas à demander à un vieux parent de faire un bon geste. Quand à l'interview, elle se termine par un remerciement au monde qui a été si bon avec AC/DC. Un peu limité le gus mais vraiment pas grosse tête...
 
 Tout ceci nous ramène alors au reste du magazine. Vous connaissez le chemin, allez-y, servez vous ! Nos petites fiches cuisine, indémodables : Suicidal Tendencies, Mötley Crüe, Mercyful Fate, White Zombie, Warning, Accept, Monster Magnet et Skid Row. Vient ensuite un édito où James Petit ne force pas son talent pour nous faire le sommaire du magazine. A la limite, supprimez celui de la page 5, ça fait doublon. Niveau niouzes, ça envoie du lourd d'entrée puisque HnH nous dévoile DEUX nouveaux titres du prochain Metallica. Oui, deux ! Deux morceaux en trois ans, c'est vraiment de la spontanéité puissance 1000 ! Et au détail de ces 2X4 et Devil Dance, on apprend, à chaud, que les structures ont été très simplifiées et ralenties. Tout cela paraît comme "un avant-goût rassurant" pour la suite. Ho oui, vivement la suite qu'on rigole ! Garbage se dévoile un peu plus mais à peine. Tout au plus apprend-on que la bande est composée de trois quarantenaires musiciens devenus producteurs par défaut et retrouvant leur passions première avec la rencontre de la rrrrrrr Shirley Manson (qui n'a aucun lien de parenté avec Marylin). Un premier album, une tournée sous le bras, une nouvelle vie qui commence et c'est à peu près tout. Dommage, ce qui ne m'empêchera pas de vous coller un autre clip en bas d'article. Sinon, on apprend que l'histoire de Freak Of Nature se termine... et je me range aux cotés de ceux qui ne savaient même pas qu'elle avait commencé. AC/DC a fait une petite jam dans une radio célèbre, que le mag ne cite pas (c'est malin !). Iron Maiden a organisé une soirée de lancement pour The X Factor, son nouvel album. De la presse, des invités, de la bière, du grand-guignol et le groupe au complet, bien entendu. Y'a pas à dire, ils savent faire ! Par contre, la pochette assez "gore" a laissé un petit arrière-goût à certains grands magasins de disques qui l'ont boycotté, obligeant à une version alternative plus "soft". Quelles chochottes ! Rage Against The Machine a donné un concert original dans la buanderie de son chanteur, devant 500 personnes. Les fonds étaient reversés aux Indiens Chiappas d'Amérique du Sud. Quant au nouvel album, c'est toujours sans date. Foo Fighters aussi a fait forte impression sur la scène du festival de Reading, 25.000 personnes se pressant sous une tente ne pouvant en contenir que 5.000 pour voir le groupe. On a frôlé l'émeute... Ils en profitent au passage pour tourner leur premier clip, I'll Stick Around (et non pas Big Me, comme je l'écrivais dans le numéro précédent) sous la demande insistante de MTV. Enfin, Slayer travaille sur plusieurs projets, dont une vidéo live intitulée Live Intrusion et un album de reprises punk, qui fera hurler les benêts qui se la racontent.
 
 James Petit décide d'ouvrir une nouvelle rubrique dont le nom résume l'idée : Polémique Ta Mère ! "HnH a désormais décidé d'ouvrir ses colonnes aux humeurs, fâcheries et coups de gueule de la rédaction." Bigre ! Et le dossier inaugural tape sur Rock & Folk. En la circonstance, on peut toujours être contre le fait de tirer sur une ambulance mais il faut avouer que le mensuel dirigé par Philippe Manoeuvre, le mec qui met des lunettes noires pour faire croire qu'il est rock'n roll, le cherchait bien. En mettant en couverture un polémiste "La fin des illusions hard ?", le sang de Petit n'a fait qu'un tour, celui-ci dégueulant alors toute sa colère sur cet article résumant le hard "à Poison et Mötley Crüe" (mon Dieu !) et mettant en exergue le travail de Rick Rubin qui sauve la carrière d'AC/DC, comme si leur succès ne tenait qu'à lui. Et Manoeuvre met en avant, comme preuve du déclin du hard-rock, que Donington (avec Metallica en tête d'affiche, je le rappelle pour ceux qui ne lisent pas mes articles en entier) n'a accueilli que 40.000 spectateurs. Petit assure qu'il y en avait 20.000 de plus, selon les organisateurs. Qui croire dans cette bataille de chiffres ? Aucune idée mais je peux comprendre l'ire du rédacteur en chef de notre mag' préféré devant les leçons de musique du sieur bobo Manoeuvre. Quand au torchon Rock & Folk, ce sont eux qui ont offert une couv' exceptionnelle à Iron Maiden pour leur trente ans de carrière... en s'étonnant qu'ils aient pu survivre aussi longtemps ! Si si, je l'ai lu ! J'avais presque envie d'acheter ce numéro pour pouvoir le déchirer consciencieusement et le foutre à la poubelle. Mais qu'attendre d'un journal qui voit en B.B. Brunes l'avenir du rock français ? Rien, vous avez raison.
 
 Le service abonnement met les petits plats dans les grands en offrant, ce mois-ci, des disques. Nous pouvions choisir entre un CD single d'AC/DC, Power Of Inner Strenght de Grip Inc. et la metal box de Ugly de Life Of Agony. Mais la mode n'était pas loin avec un magnifique sweat-shirt à capuche Faith No More. Ils nous proposent le caleçon le mois prochain ?
 
 Cette semaine, je vous écourte le courrier des lecteurs. Pourquoi ? Déjà, je passe sur l'interminable blabla de Sa Seigneurie Philippe de Villais alias Angus "Jeune" de Paris, dont le nom à rallonge est égal à la pompe ronflante de sa lettre. Du moment qu'il se comprend, il a dû se faire plaisir... Ensuite, c'est parce qu'on va tourner en rond et ça va me gonfler. Vous vous souvenez de la polémique lancée au #17 par Ottomo et Olivier sur le "manque" de vrai metal et tous ces nouveaux groupes qui prennent toute la place et qui ne sont pas de "vrais" métalleux gnégnégné... Bref, quand on lance un boomerang, il ne faut pas s'étonner qu'il revienne. Laurent et Nick'em All (ah oui, le pseudo con a des beaux jours devant lui...) rentrent dans le débat, le premier défendant la nouveauté et conspuant la nostalgie poussiéreuse tandis que le deuxième approuve ce besoin de heavy à l'ancienne, sans complètement renier le grunge ("Nirvana et Soundgarden ont écrit de bons trucs" ! C'est trop d'honneur, Nick...). Ce qui me barbe, c'est la condescendance de tous ces petits scribouillards qui pétent plus haut que leur cul et qui vont faire la leçon à tous pour imposer leur vision. Evidemment, cela se règle à coups d'insultes et de concours de bites désolant, ce qui nous vaut des retournements de veste pour faire jeune-dans-le-vent ("J'ai pris dix ans dans la vue et Motörhead ne m'inspire plus rien sinon l'usure du temps. Et pourtant, j'ai été fan..." Là, tout est dit !) et des jugements qui n'appellent aucune critique. Vous allez me rétorquer que je fais la même chose : j'écris des conneries sous un pseudo à peine plus débile que ceux dont je me moque et je juge aveuglément. Certes, vous avez raison, je le reconnais... mais j'espère juste que mon but est plus clair : je n'ai jamais renié mon amour du metal. J'ai pu le laisser de coté un moment, m'intéresser à d'autres choses et écouter d'autres musiques mais j'y reviens et j'y reviendrai toujours. J'ai mes têtes de turc et je n'aime pas tous les groupes mais je défends le style. Il apporte une palette de couleurs incroyables dans ma vie et dans un quotidien qui rend fou. Quant à ces modestes Brumes Electriques, elles n'ont pour but que d'éclairer le chemin à des âmes un peu perdues, à rappeler des souvenirs à des (presque) vieux cons comme moi, à réhabiliter quand faire se peut des formations oubliées et surtout à faire connaître cette musique. Je n'ai pas vocation d'historien car ma culture metal peut laisser à désirer et je n'ai pas prétention à tout savoir et à tout comprendre. Mais si ma prose, uniquement motivée par la passion, pousse un seul lecteur à se plonger dans la découverte de quelques groupes connus ou inconnus, à acheter leurs disques, à écouter leur musique, à devenir fan, alors ma mission est humblement accomplie. Cela pardonnera mon humour un peu débile et quelques fautes de goût (assumées).
 
 Bon, ces atermoiements terminés, revenons à nous moutons (électriques aussi) avec Born Killers qui accuse une petite baisse de régime pour ce mois d'octobre avec seulement deux groupes au compteur, Black Swan et Hauteville, à forte tendance heavy-rock mélodique FM. Voilà qui nous reposera un peu. A noter que Black Swan comprenait une fille au chant, ce qui, à la différence d'aujourd'hui, n'était pas si courant.
 
 And Justice For All reçoit Def Leppard à la barre. Assez peu de choses à raconter puisque ce groupe ne m'a jamais accroché plus que ça. Leur Adrenalize était sympa mais il fallait une patience de moine tibétain quand on était fan de ce groupe, vu que 3 ans en moyenne séparait chaque nouveau disque. Et tout ça pour des chansons surproduites et tout-public, voulant toucher le plus grand nombre. Une accusation à laquelle le guitariste Phil Collen plaide coupable tout en assurant que le rendu scénique est plus agressif. S'il le dit, je vais le croire sur paroles ! Encore que la scène, ils n'y mettent plus les pieds puisqu'ils passent des mois entiers en studio ce que le gratteux reconnaît aussi. S'ils y restent aussi longtemps, c'est pour "avoir le meilleur son, les meilleurs arrangements." et "être totalement satisfaits du résultat avant de le proposer à quiconque." Nous sommes loin de la philosophie d'AC/DC lue plus haut ou de la spontanéité de ces marmottes de Metallica. Collen plaide (encore !) coupable mais se justifie : "Si tu dois rester spontané à tout prix, au point de sortir un disque dont tu ne sois pas satisfait, c'est encore pire... Car un album te suit toute ta vie (...) Nous préférons passer plus de temps en studio et jouer les titres avec une conviction totale par la suite." Voilà qui se tient... Après un an en studio, ça a même intérêt. Le fruit des longs mois de labeur s'appellera Slang et Collen promet un résultat plus dur et plus sombre. Voilà qui nous changera des compilations, objets dont le groupe abuse mais en toute bonne foi. Oui parce que, en général, c'est la faute de la maison de disques qui les distribue dans les bacs contre l'avis des intéressés. Sauf qu'avec nos Léopards Sourds, c'est clairement... commercial : "Le nouvel album va sortir et il sonne (...) plus dur, plus énergique alors il était préférable de faire un Greatest Hits qui couvrait une période homogène. Nous n'avons donc pas hésité quand notre maison de disques nous a proposé ce projet." Une sincérité touchante... Ah ? On me fait signe qu'il n'a pas fini... Pourquoi pas plus de vieux morceaux ? "Le problème avec ce genre de compilation, c'est qu'on est obligé de se concentrer sur les chansons qui sont devenues des hits. Tous les morceaux qui figurent sur ce Greatest Hits sont sortis en singles et ont fait des cartons alors il n'y avait plus de place pour le reste ! Pour faire une rétrospective plus équilibrée, il faudrait plutôt faire un best-of..." Oui alors, trop de sincérité, ça ballonne un peu... Vous apprécierez aussi la subtilité dans les termes choisis : greatest hits et non pas best-of... Quel talent !
 
 Au rayon interviews, on croise Hoax, quintette parisien croyant à fond à ses chances de réussite. Ils y croyaient déjà à fond dans le numéro #7 et le conte de fée a tourné au vinaigre (mauvaise distribution, promotion inexistante) mais là, c'est la bonne ! Pas question de lâcher l'affaire maintenant... non ? Un couic plus tard, c'est Steve Hogarth de Marillion (l'homme qui chante faux d'après ce que me disent mes oreilles...) qui vient nous étaler son spleen sur deux colonnes. Alors que son groupe traverse une période excellente, Afraid Of Sunlight de fort bonne facture, public fidèle et tournées à la pelle, Steevy se sent tout chose en son dedans intérieur. Une vision assez pessimiste sur la place de l'Homme dans l'histoire du monde, une rapidité de l'évolution qui nous déconnecte in fine de la réalité, tout cela avec le suicide de Kurt Cobain en toile de fond. Et personnellement, c'est pas plus jojo puisque le monsieur ressent "une immense lassitude" dans tout ce qu'il fait, dans ce monde rempli d'égoïsme, de cupidité et de ventes d'armes (???). Et puis sur sa place au sein du groupe, c'est la mine de charbon. Il se sent comme un imposteur, l'éternel remplaçant de Fish, "âme" de la formation première période, et a l'impression "de n'être parvenu à rien ! Un curieux mélange de frustration, de peur, d'ennui...", se trouvant indigne de l'honneur qui lui avait été fait de faire partie de Marillion, héritant du succès et dilapidant son héritage. Et tout cela se termine par un "N'ai-je pas été trop heureux pendant plus de cinq ans ?" Pouet poueeet !
 
 HnH décide de se payer Rancid en commençant par une interrogation sournoise : le groupe mérite-t-il tout le bien que l'on dit de lui ? Vu que leur troisième album était plutôt bien noté par la revue, on suppose que oui... mais en fait non, vu que Fred Burlet va jouer les chieurs. Dans son introduction, il n'hésite pas à les voir comme un faux groupe de punk mais vraie stratégie marketing car, comme tout le monde le sait, les vrais punks étaient malpolis et rebelles. Ici, les membres sont de "fidèles représentants du rêve américain, punks bien élevés qui jouent bien et qui font ça comme des pros." On est dans l'ambiance et, effectivement, dès la deuxième question, on sent que ça ne leur veut pas du bien : "Reconnaissez-vous avoir largement puisé chez Clash et Madness pour construire votre propre musique ?" Accusé, levez vous ! C'est qui là, un procureur ? Comme quoi, quand on veut se faire un groupe, la notion d'influence musicale est une arme à double tranchant dans la main d'un journaliste. Ici, ils ne sont que de vils copieurs, même s'ils reconnaissent innocemment leur héritage. D'ailleurs, la question qui suit est balancée le couteau entre les dents, je vous la livre telle quelle : "Qu'avez-vous la sensation d'apporter en plus en jouant ce type de musique aujourd'hui ?" Plus fielleux, tu meurs ! Et Slayer, qui fait du thrash depuis 1982, qu'apporte-t-il de plus ? Et AC/DC qui sort le même disque depuis les années 70 ? Désarçonné devant une question aussi conne, Matt Freeman bafouille un "Heu... J'en sais rien" bien compréhensible avant de tenter un pas de coté en souhaitant juste sortir de bons albums honnêtes et qui leur plaisent, pas en fonction des gens. Burlet ne démord pas : "Niveau textes, vous n'êtes pas très engagés" et enfonce le clou avec un "Il paraît que vous faites un malheur aux States. Tu confirmes ?" Alors soit il le sait et il tend un piège minable, soit il n'est pas au courant de ce succès et il devrait changer de métier. Tranquillement, le musicien répond que les textes parlent d'expériences personnelles et pas de politique, confirmant que c'est le souhait du groupe. Quant à la réussite, ils ne la renient pas et surfent sur "le phénomène Offspring" sans en prendre ombrage. Du coup, en tentant un dernier croche-patte sur la fugacité d'une mode qui pourrait les oublier demain, Matt répond tranquillement qu'il n'a "pas peur du tout de vendre des disques !", que la mode passée, ils continueront à jouer de toutes manières et que tant que ça se vend, tant mieux. Après, tant pis ! C'est-y pas punk ça, madame ? Et pis traiter Lars Frederiksen de faux keupon, c'est un peu fort...
 
 Mais tout cela n'est rien, tout cela ne pèse rien, tout cela ne vaut rien alors que se présente en page 38 le Cristiano Ronaldo du metal, le magnifique (c'est lui qui le dit) Yngwie Malmsteen. Aussi doué à la guitare que peut l'être le portugais avec ses pieds, ils partagent aussi la capacité à avoir un melon de la taille d'une montgolfière. Converser avec Sa Majesté ? Un honneur que lui seul peut donner aux quelques gueux qui lui demandent séance. Et ça part dès la première réponse à propos de sa pochette assez... heu... comment dire... Jugez vous-même ici ! Bref, un piédestal, une épée d'Excalibur et le voilà parti : "J'ai de tous temps adoré les histoires de preux chevaliers (...) Prends le titre Overture 1622, ok ? 1622 est l'année du sacre de mes ancêtres, faits chevaliers par la cour de Suède. Ce qui fait donc de moi un noble, et je possède divers documents pas lesquels je peux prouver que je suis comte." Là, d'entrée, ça a de la gueule ! Et quand le journaliste lui cire les pompes en qualifiant Magnum Opus comme son meilleur album, celui-ci répond "Absolument !" et que, si l'auditeur novice ne s'en rendra pas compte tout de suite, cet album cette offrande est aussi parfaite que ses précédentes, qui plus est composée en "très peu de temps" ce qui en fait le travail le plus improvisé de sa carrière. Mais Sa Grandeur se sent très inspirée et sortir un album par an ne le dérange guère : "Je ne me permettrais pas de proposer un album dont j'aurai des doutes sur le contenu. Je sais que si je sors un disque, c'est qu'il est parfaitement au point !" et s'y acharner plus de temps ne changerait rien. Le doute ? Qu'est-ce c'est ? D'ailleurs, le reste du monde musical n'intéresse guère Sa Seigneurie "Je n'ai pas de temps à perdre !" à tout ce qui n'est pas du pur heavy. Il croit que le heavy mélodique "a de beaux jours devant lui" (il n'a pas tort) et, de toutes façons, "j'ai remarqué que personne ne l'interprétait comme moi !" (il n'a pas tort bis). Mais... il consentirait néanmoins à sortir de ce cadre rigide... pour travailler sur un concerto, "rien qu'un orchestre et ma guitare ! Je veux me faire accepter de la communauté des musiciens classiques et produire une oeuvre qui fasse référence dans leur propre domaine." Vous croyez qu'il ne se sent plus ? "Un concerto pour orchestre et guitare électrique. Le concerto de Tchaïkovski était fait d'un violon et d'un orchestre, celui de Malmsteen sera fait d'un orchestre et d'une guitare électrique, rien d'autre !" Et le voilà qui décolle... Au revoir Yngwie...  
 
 Je retiens une larme. Cathedral est là, page 40, posant pour leur nouvel opus, Carnival Bizarre. 2 ans et demi de silence, un changement de bassiste et de batteur et un album plié en 3 mois. Un soulagement pour Lee Dorrian (chant) et Garry Jennings (guitare), une joie aussi d'avoir un guest de luxe en la personne de Tony Iommi (Wikipedia est ton ami !), un changement de personnel chaotique qui a trouvé une issue heureuse... Bref, la vie en rose. Et là, c'est la question de Rabasse : "Vous existez depuis six ans, vous sortez difficilement un troisième album et en plus votre succès initial a tendance un peu à s'effriter. Tout cela doit être un peu frustrant à force ?" Vlan ! Tiens, prends un kleenex, t'as les yeux qui coulent ! Pas démonté, Garry répond calmement que la bande a eu la chance de tourner avec Black Sabbath, Trouble et St Vitus et que la musique qu'ils composent se doit de venir du coeur. Donc, oui des fans s'en vont parce que le groupe ne joue plus comme un gastéropode sous cortisone et aère son style. Je dirai même plus : tant pis pour eux ! A aucun moment Cathedral ne cherchait à être le groupe le plus lent du monde, de même que Napalm Death est devenu le groupe le plus speed du monde à la suite d'une erreur de drumming. Ainsi se font les légendes. Alors pourquoi je retiens une larme ? Parce que le groupe vient de sortir son ultime album, The Last Spire, et se sépare après 23 ans de bons et loyaux services. Expliquer en peu de lignes ce que ce groupe a fait et a apporté serait inutile. Cathedral laisse un héritage dont peu peuvent se prévaloir et une conviction inébranlable dans le style, là où tant d'autres ont retourné jusqu'à leur pantalon. Le Roi est mort... et maintenant ?
 
 Par voie de conséquence, Anthrax, là, à froid, bof... Si je ne leur enlève pas leur incroyable conviction scénique, je ne suis leur vie que de loin. Attention, je ne dis pas que ce groupe est mauvais, ne me faites pas écrire ce que je n'ai pas pensé mais je ne suis pas un hardcore fan. Ils ont tout mon respect car ils ont vécu des galères pas possibles et Scott Ian, le guitariste emblématique, est une personne sympathique au possible. C'est Frank Bello, bassiste fort sympathique aussi, qui revient sur l'incroyable mouise dans laquelle s'embourbe, et pour longtemps, le groupe : Dan Spitz, guitariste à l'incroyable coiffure, out, séparation avec le management historique, difficulté à trouver un guitar lead qui le fait... En solution de remplacement Diamond "Pantera" Darrell est venu filer un coup de doigts sur les soli, ce qui est loin d'être cochon. Revigoré par l'aide d'un pote, Bello voit un avenir radieux pour le groupe : tournée à quatre membres, nouvel album promis comme encore plus heavy que Sound Of White Noise (il nous en couche des colonnes !) et grosse banane. Le futur sera un peu plus sombre que prévu mais, après un pataquès pas possible, Anthrax survit encore aujourd'hui. Le futur leur appartient toujours... A noter que Bello fait référence au tournage du clip Field, titre qui n'existe pas sur cet album ! Ou c'est la confusion avec Fueled, qui fut le premier clip.
 
 Après, on retrouve Kreator, fierté teutonne d'un thrash brutal qui, à la différence de ses compatriotes de Sodom, a osé quelques nuances dans son jeu. Cela n'a pas forcément emmené aux résultats escomptés mais ils ont au moins eu le mérite de le faire. Mais ici, c'est le retour aux fondamentaux qui prime. On serre les dents et on encaisse comme un homme, surtout la voix criarde de Mille Petrozza que j'ai toujours eu du mal à supporter. C'est lui qui revient sur le parcours un peu chahuté de sa bande, son départ de sa maison de disques, le Renewal controversé et la reprise de la couronne dans la hiérarchie des groupes les plus brutaux. Mimi se monte un peu le bourrichon quand il nous annonce que "Kreator a été l'un des inventeurs de la musique la plus agressive de ces dernières années." Certes, ça ne passera pas en fond à une cérémonie de mariage mais un peu de modestie ne fait pas de mal. Tout cela se couvre d'une conscience politique, voire marxiste avec un titre comme Progressive Proletarians et ce cri de révolte à l'adresse de la classe ouvrière. Avec une vision politique et sociale pointue du leader puisque les gens de pouvoir étant conservateurs, seuls ceux qui sont confrontés à des problèmes concrets chaque jour seraient en mesure de faire bouger les choses... sauf que non, à moins de croire en la race humaine, ce qui est au-dessus de mes forces ! Mais Mimille se rattrape dans mon estime en considérant que la démocratie n'existe pas, remplacée qu'elle est par une "dictature médiatique."
 
 Alors là était censée suivre l'interview des Red Hot Chili Peppers. Sachant qu'il n'en fallait guère pour que nos funky trublions ne partent en vrille, un journaliste sérieux et bien sur ses appuis auraient fait l'affaire et nous auraient rapporté quelques déclarations pertinentes et drolatiques des créateurs d'un des meilleurs albums de 1995 (One Hot Minute pour les retardataires !). Et là, c'est le drame : Dominique Dujean est dépêché pour l'entretien et va nous faire... rien ! Un gloubiboulga pétrifiant de conneries qui ne nous apprendra zob, à part le long tango quand à l'intégration de Dave Navarro, leur nouveau guitariste. Une valse de la six-cordes qui prendra fin... temporairement, malheureusement pour lui. Alors, le coup du destin, c'était une évidence, maisouibiensûrc'étaitmagique et tout ça, n'a pas fait long feu. Les aléas du business. Après on nous explique comme c'est cool de bosser avec Rick Rubin (même si le bonhomme a des horaires à lui) et on a une tartine sur le prochain AC/DC dont on se beurre les tantifles grave mais surtout, quel putain de rapport avec les Red Hot, merde ! Ils sont fans, tant mieux mais sur deux colonnes ?? Pour que Kiedis nous explique qu'il a débarqué sans faire exprès dans leur studio et qu'il s'est fait virer, on s'en fout ! Sans compter qu'en plus de n'avoir rien à dire, Dom Dujean nous enrobe ça d'un style littérale qui ne fait rire que lui. Vous trouviez que j'étais souvent vache avec Xavier Bonnet ? Voilà son successeur ! Extrait choisi :
 
 - Rassuré par l'insolence chenapante des quatre lurons aux MTV Movie Awards où ils incendiaient les planches d'un Warped psyché-Zeppelinien, votre dévoué serviteur, bien décidé à réhabiliter le boyau de la pignolade chez ces ostrogoths d'Hollywood, attaquait presto dans le gras du sujet, rayon anecdotique. Le micro planté à l'intersection Anthony Kiedis-Chad Smith. Voici la partie de ping-pong verbale la plus Chili du moment...
 
 Je vous passe les questions et les réponses, on va perdre du temps pour rien mais pour faire ça... Il aurait eu mal au cul de nous faire une interview un peu plus consistante ? Nous parler de l'album, l'inspiration, les thèmes ? Plutôt que de se palucher avec son stylo pour faire des phrases qui ne riment à rien ?? Bon, ça m'énerve... Du coup, on passe à la Saga du Hard-Rock qui remonte d'un coup le niveau avec la bio de Queen. Un groupe démarré en 1970 et qui a failli s'appeler The Grand Dance ou The Rich Kids, même si les connotations efféminées d'un tel patronyme font un peu tiquer le batteur et le guitariste (en argot, queen = travelo). Mais Farookh Bulsara (vrai nom de Freddie Mercury), croisement improbable entre Renato et Jojo Lapin, n'en sera pas à une provocation près. Ce qui est fascinant est le problème principal du jeune groupe fut de trouver un bassiste et une fois la main mise sur John Deacon, la formation ne changera plus jusqu'à la fin. Un bel exemple d'unité. Il est aussi passionnant de remarquer que le succès se fera sur la longueur et qu'ils ont du ramer avant d'atteindre les cimes de la gloire.
 
 Alors, catégorie skeudz, ce mois-ci, c'est orgiaque. Déjà, il y a pléthore de disques chroniqués, même si la majorité des formations sont rongées par les vers depuis. Et, pour la première fois depuis le début de la parution du magasine, nous avons deux albums du mois ex-aequo. Le Ballbreaker d'AC/DC, qui décroche cinq étoiles en plus, ce qui le fait entrer dans le cercle très privé des grands étoilés. Comment parler d'un disque d'AC/DC ? Ben... un peu comme les précédents, en fait ! Toute la question est de savoir si les chansons font taper du pied, si le son vous envoie valdinguer la casquette et si tout ça crache du rock'n roll. Avec le grand manitou Rubin aux manettes, l'album se paye un son qui restera neuf encore dans vingt ans. Quant aux morceaux proprement dits, ils font le job. Vu les titres, Love Bomb, Cover You In Oil ou Caught With Your Pants Down, on ne va s'égarer dans des questions existentielles. "ACeDeCe" fait du rock bas du front mais le fait bien, voilà au moins une qualité qu'on ne leur enlèvera jamais. Quand au colocataire du trône, il s'agit d'une bande de jeunes qui débutent : Iron Maiden avec le fameux, l'attendu, l'inespéré, le fantasmé, le redouté The X Factor. Dans sa critique, Louis Bourgade énonce une vérité : "Qu'il se mette à toussoter et aussitôt la planète s'enrhume !" Aussi importante que soit la vague grunge, l'attente autour de ce Graal frise la camisole car c'est un géant qui peut s'effondrer en un album. Si la chute ne sera pas, les fans ne parviendront pas à adopter Blaze Bayley. Pour ma part, j'ai acheté cet album il y a à peine quatre jours et je l'écoute en tapotant ce B.E... et c'est loin d'être mauvais ! Bayley imprime sa patte et chante moins haut perché que Dickinson mais il a une vraie hargne par sa voix plus rauque. Musicalement, ça reste du Maiden pur grain : des mélodies, du riff redoutable, de la basse et des refrains ravageurs mais aussi des choeurs monastiques, de l'épique d'entrée de jeu avec la pièce Sign Of The Cross (11 minutes au chrono !), des arrangements complexes, du lourd qui tâche et des morceaux longs. L'air de rien, ils trempaient un orteil dans le progressif qui ne cessera de se développer dans leurs futurs travaux. On sent surtout que Harris et sa troupe ont mis le paquet pour séduire l'auditeur, le fan, le juge. 71 minutes pour 11 morceaux, le plat est copieux. 4 sur 5 sur une critique trop second degré pour être tout à fait honnête. Mérité, largement !
 C'est un peu l'Ecole Des Fans en ce froid octobre 1995 puisque c'est une pluie d'étoiles qui s'abat sur les albums chroniqués. On retrouve ainsi ce gros bouffon de Mike Muir avec son projet solo, Cyco Miko et un Nothing To Lose (on ne rit pas !) qui gagne 4 étoiles. Un album de "vrai punk" selon Fred Burlet, pas comparable "à ces petits branleurs de Rancid ou d'Offspring." Ben voyons... Qu'est-ce qu'il aurait dit s'il avait écouté le disque, recueil d'hymnes lourdingues où les trois mêmes accords tournent en boucle pendant le double du temps nécessaire avec un Miko Fraise qui nous répète ad lib trois phrases nazes ? D'autant que ce sera son seul album solo, le père la morale se dépêchant vite de reformer Suicidal Tendencies en 2000. Heureusement que les journalistes le font exister... Joe Satriani continue aussi à exister contre vents et marées et à enregistrer des albums instrumentaux soporifiques. Mais lui, au moins, il est sympa. 4 sur 5 pour ce trait de caractère, c'est mérité... Hein ? Ah c'est pour son album éponyme ? Oh, pardon... Dream Theater franchit le rubicond avec son Change Of Season et son morceau-titre de 20 minutes. Le reste de l'album est composé de reprises hyper heavy (Elton John, Led Zeppelin, Genesis... Des durs, des tatoués) et moi, du gros prog' technique qui se touche le kiki pour le sentir bien gros, ça me comble au-delà de l'extase.
 Mais sinon, passé ces grosses meringues, Down accouche enfin de Nola. Le supergroupe composé de Phil Anselmo, Kirk Windstein et Pepper Keenan (entre autres) grave son premier effort et met une baffe à tout le monde. Alors qu'une telle réunion de brutes épaisses aurait pu nous engourdir les cages à miel pour des mois, la recette est toute autre : heavy, certes ; méchant, aussi ; mélodique, toujours ! C'est surtout la preuve définitive qu'Anselmo est un grand chanteur et que toute cette testostérone ensemble est capable de composer un morceau acoustique à faire pleurer un bloc de granit (Jail). Projet de potes qui deviendra un boulot à plein temps au fur et à mesure de son succès, Down est un groupe rare, celui d'où transpire un sentiment difficile à singer : la sincérité. Alors qu'importe s'il faut attendre des lunes entre chaque album, tant ceux-ci sont faits avec passion. Down se mérite, certes, mais après c'est pour la vie.
 Au rayon grenier, on ressort quelques Classicks d'Alice Cooper, une idée qui n'emballe pas Xavier Bonnet outre mesure pour un 2 bien senti. Je retrouve Die Krupps pour III - Odyssey Of The Mind... et je suis incapable de me souvenir d'une de ses chansons alors qu'ils passaient dans les thématiques metal des chaînes musicales. De mon souvenir, ils avaient fait un EP de reprises de Metallica en monde électro-indus et... Bref, 4 pour un gros album d'indus teuton. Même note pour le Carnival Bizarre de feu Cathedral, un opus que j'ai redécouvert des années après sa sortie, ses sonorités me laissant de glace en 1995. Un des trois meilleurs albums de leur carrière pour Lee Dorrian et le bougre a raison. Kreator déboulonne tout le monde avec son Cause Of Conflict qui gagne ses 4 étoiles comme tout le monde et un Rabasse qui s'oublie un peu en affirmant qu'il s'agit d'une "inspiration que l'on pourrait rapprocher du meilleur d'un Sepultura en plus sauvage !" Oui, je pense que c'est l'émotion qui parle ! 4 idem pour le combo hardcore-krishna Shelter et son Mantra.
 Septic Flesh fait son petit bonhomme de chemin avec un second album au titre écrit en grec, donc bonne chance à vous si vous voulez le commander sur Amazon. Six Feet Under éructait son Haunted avec une formation de vieux briscards du style : Chris Barnes (Cannibal Corpse), Terry Butler (Death) et Allan West (Obituary). Autant dire que ça n'allait pas compter fleurette musicalement, ce qui ne fut donc pas le cas avec un death-metal basique mais efficace, porteur d'aucune forme d'innovations ou d'avant-gardisme. Un side-project qui deviendra l'activité principale de Chris Barnes une fois viré de Cannibal Corpse. Malgré une critique dithyrambique et une notation excellente, Hoax signe avec Brainstorm At Dawn son chant du cygne et un enterrement de première classe. Oublié par tous depuis, sauf par une poignée d'irréductibles, moins de 2000 vues sur Youtube (si vous parvenez à trouver une vidéo) et une discographie introuvable, même sur le net... C'est rude ! On retrouve la banane avec le Lemonade And Brownies des joyeux drilles de Sugar Ray et sa pochette... attirante ! Un disque coup de boule, éclectique, fun, assez con par endroits et parasités par des plages inutiles, mais indispensable si vous voulez vous démonter les cervicales avec un sourire aux lèvres.
 Dans ce qui reste, on peut encore sauver un Sentenced avec Love & Death, pataugeant dans un metal encore assez boueux, l'avalanche de violence gratuite d'un Sinister avec Hate... et c'est tout ! Des productions pourtant très bien notées ont depuis servi de cale pour armoires normandes. Si je vous parle de Junkhouse, Abstrakt Algebra, Sleeze Beez, Y & T, Apes, Pigs And Spacemen ou Buckshot, je doute que cela éveille un quelconque haussement de sourcils. Déjà que vous roupillez devant Iron Maiden ou Sepultura...
 
 Allez, on termine avec le Song-Book du mois avec un morceau culte, un hymne absolu que même les bobos sifflotent et croient connaître : Paranoid de Black Sabbath. Une rampe de décollage vers les cieux de la gloire, triple platine aux USA et 65 semaines de présence au Billboard... On peut qualifier ça de carton ! En plus, le riff principal est aussi simple que celui de Smoke On The Water (il faut faire 7-9 quatre fois et après plein de 2 et de 0 !)
 
 La suite ? Au prochain numéro...
 
Une avalanche d'effets spéciaux sidérants... 
  
La cascade la plus dangereuse de toute l'histoire du clip, la voilà ! Les Thaïlandais n'ont qu'à bien se tenir...
  
Une des meilleures chansons de X Factor, aussi une des plus enragés. A noter qu'il y a eu deux clips de ce morceau et que je vous livre la collector... je crois...     
  
La France ! Si ça sonne comme d'autres, c'est normal...
   
Un des tubes du groupe, dont les samples sont tirés d'un film avec Vincent Price. Vous saurez apprécier à leurs justes valeurs le chant halluciné de Dorrian et sa gestuelle... bien à lui !
    
Allez les mecs, un p'tit coup de Shirley Manson avec Garbage ? Non, j'ai dit "de", j'ai pas dit "dans", bande de dégueulasses !
   
Histoire d'emmerder Fred Burlet et ses conneries de "vrai punk" avec Mike Muir, on se remet un petit Rancid...
  
Oubliez le chanteur, oubliez tout le reste, Sa Majesté joue pour vous ! Pour vous faire une idée...
  
Un petit moment de vraie douceur, une des plus belles chansons de leur répertoire... Par contre, montez le son.
  
Bon, on reprend tout doucement...
  
Allez, on se remet en jambes avec le bôô Mark !
  
Toute la finesse d'un moteur allemand lancé à plein régime dans la tronche du pauvre auditeur... Qui a dit que ces gens ne savaient pas aimer ?
     
Allez, on garde la dernière louchée pour la fin. Attention, vous en avez un peu sur votre pull...
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S
<br /> C'est vrai que tu découvres X factor maintenant ? Mais tu le redecouvre ou tu ne l'avais jamais écouté auparavant ?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> J'adore le com sur la vidéo de garbage<br />
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B
<br /> <br /> Non non, je ne l'avais jamais écouté auparavant. Je l'ai trouvé d'occase une semaine avant de rédiger cette partie de l'article. J'ai ainsi pu l'écouter en tapant la fin, comme je l'écris.<br /> <br /> <br /> Je ne rajouterai rien sur Garbage <br /> <br /> <br /> <br />