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Pensées décousues d'un jeune con déjà vieux

Publié le par Buster Casey

 

 

 

 Autour de moi, le monde gronde. Des dirigeants fous qui menacent de se faire sauter les uns les autres, le doigt sur le bouton. Un peuple frère à quelques encablures de se vitrifier une fois pour toutes, entraînant le reste du monde dans leur folie. Des kamikazes qui veulent entraîner tout le monde dans la danse, sans distinction, et qui se font péter dans un moment d'illumination intense et sincère. Des chefs d'Etat qui bombent le torse, qui font croire qu'ils dirigent quelque chose, qui traitent les journalistes de pédophile, qui pratiquent le "bunga bunga", qui prient Dieu avant d'envoyer la sauce atomique. Des puissants qui abandonnent en coulisses mais qui jurent qu'ils feront mieux la prochaine fois. Des populations hallucinées qui suivent sans broncher, ivres de peur et de misère, victime d'une planète qui se casse la gueule par leur faute. Des gens qui ne croient plus en rien et suivent les discours les plus simples : le problème, c'est l'autre. La solution, c'est de dégager l'autre. Le brun, le basané, le jaune, le blanc, le religieux, le pédé, le différent. Le retour à la terre. Le retour à l'origine. Dehors l'autre ! Vive Nous !

 

 Autour de moi, les gens ne vivent plus ensemble. Internet, le boom de la téléphonie mobile, du IPhone, du contact permanent nous font croire à une grande toile humaine et fraternelle. Le repli sur soi, le communautarisme, le racisme et la méfiance sont notre véritable lot. Nous ne communiquons pas, nous ne nous ouvrons pas, nous claquons nos forfaits illimités pour rappeler aux autres que nous vivons, que nous existons, que nos vies se reflètent tant bien que mal sur les leurs. Nous avalons la technique sans savoir pourquoi. Nous achetons la nouveauté inutile pour ne pas nous sentir seul, pour appartenir à un groupe. A un groupe de solitaires qui se regardent l'appareil. Des liens virtuels qui remplacent des attentes, du plaisir de voir l'autre, de recevoir des lettres dans nos boites aux lettres. Le désir, l'impatience, l'espoir. Un numéro de téléphone en mémoire ou griffonné sur un papier. Aujourd'hui, des portables à XXX numéros enregistrables et redemander leur téléphone à tout le monde une fois que vous changez d'appareil ou que vous le pétez. Aujourd'hui, la faculté de vous mettre "hors ligne" pour que personne parmi vos amis dans les réseaux sociaux ne viennent vous emmerder. L'impatience ne naît plus de l'attente...

 

 Autour de moi, le monde pleure une innocence qu'il foule du pied tous les jours, une virginité qu'il n'a jamais eu.

 

 Autour de moi, le bruit est partout, infernal et envahissant. La liberté des uns s'est transformé en liberté d'emmerder les autres sans contrainte. Les espaces de liberté ne cohabitent plus mais se chahutent, à la liberté qui sera la plus forte. Nous développons nos petites dictatures personnelles, faite de musique, de portables et de nombril. Tout pour ma gueule dans le respect de mon avis.

 

 Autour de moi, tout le monde parle et personne ne s'écoute. Tout le monde écoute mais personne ne se comprend. Les blogs et les réseaux sociaux se multiplient, ainsi que les lieux communs qui les remplissent. Tout le monde a un avis, tout le monde a une vie. Tout le monde a raison, tous les autres ont tort.

 

 Autour de moi, les coeurs battent, certains à l'unisson. L'amour gagne du terrain. Des unions, des mariages, des naissances. Des regards en coin, des sourires idem, des fards qui se piquent et la tension qui monte. Des espoirs, des balbutiements, du courage à revendre et des boules dans la gorge qui disparaissent. Des larmes de bonheur, des promesses infinies. De l'union face à l'adversité. Le remède ultime à tous nos maux.

 

 Autour de moi, la joie le dispute à la dépression. Chez les uns, la dépression se cache derrière la joie alors que pour d'autres, il y a une certaine joie dans la dépression. L'amour ne gagne pas de terrain, ne parachève aucune construction et ne fait pas briller le soleil plus fort. Il n'est qu'une brique supplémentaire à un mur d'isolement, à des douleurs du coeur irréparables. L'amour est un leurre qui se fout de moi, qui m'embroche à la moindre occasion et me repousse dès que je suis trop près.

 

 Autour de moi, il y a les médicaments contre mes migraines, mes maux de tête, mon estomac capricieux...

 

 Autour de moi, il y a des gens qui m'aiment, qui me trouvent bien, qui me font confiance. Il y a des gens qui me félicitent, qui me tapent sur l'épaule ou me prennent dans leur bras. Il y a des gens qui croient en moi, qui sont heureux de ma présence. Il y a des gens qui m'aiment, ouvertement ou en silence, amicalement ou de tout leur coeur, amicalement ou maternellement. Et je ne comprendrai jamais pourquoi.

 

 Autour de moi, il y a des gens que j'aime. De toutes mes fibres et de tout mon coeur. Des personnes dont la seule présence balaye mon spleen et les toiles d'araignée dans mon cerveau. Il y a des personnes qui me donnent l'inspiration, la joie, le courage, l'espérance et la passion romantique, même s'ils ne le savent pas. Alors que je plonge, alors que je redeviens mon ennemi juré, ils apparaissent dans ma vie à ces moments-là. Ils m'aident, ils me poussent à continuer à avancer... même quand je suis con, irascible et prétentieux. Je ne pourrai jamais les prendre dans mes bras comme j'aimerai le faire, ni leur dire comme j'aimerai leur dire. Ils ne savent pas à quel point mes traits d'humour, mon second degré ou mon ironie cachent souvent un irrépressible besoin de dire que je les aime et à quel point ils me sont précieux.

 

 Autour de moi, la vie gronde et ne m'attend pas. A peine un ralentissement ou un simple geste de la main, avant de repartir aussi sec.

 

 Autour de moi, il y a la femme que j'aime... peut-être... quelque part...

 

 En moi, il y a une personne qui souffre, qui se révolte, qui se bat sans faire de bruit et sans le hurler partout. Au fond de moi, il y a un petit garçon qui se masque le visage avec ses mains, en se répétant inlassablement que la vie est belle. Au fond de moi, il y a un être qui grandit et que j'apprends à connaître tous les jours. Je l'aime comme je le déteste. Il me fascine comme je souhaite sa mort. Je l'envie comme il me dégoûte.

 

 Au fond de moi, il y a un être qui sait qu'il va mourir et que l'avenir est sombre et merdique... mais qu'il n'a pas envie d'abandonner maintenant.

 

 Bonne nuit...

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J
<br /> <br /> On a le droit de ne pas être d'accord avec ce que tu dis (m'enfin...), mais tu as une plume superbe.<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Merci beaucoup, le compliment me va droit au commentaire :)<br /> <br /> <br /> Après, tu as raison : on a tout à fait le droit de ne pas être d'accord avec moi et c'est même un droit que je revendique ! Tu as d'ailleurs trouvé l'espace "réactions/réclamations".<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> Superbe article...<br /> <br /> <br /> Et j'aime beaucoup la fin :)<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Merci :)<br /> <br /> <br /> <br />