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Cinema 14

Publié le par Buster Casey

 The Wrestler de Darren Aronofsky

 (On m'a fait la remarque sur un post précédent, je vais donc prévenir que la chronique qui suit risque de "spoiler" un brin le film. Vous voilà prévenu...)


 Au sortir de son éprouvant Requiem For A Dream, hagard et sonné, je m'étais vite mis au pli que Darren Aronofsky serait un cinéaste à suivre. De tous les clippeurs passant au cinéma, il faisait partie des rares qui ne masquent pas la vacuité de leur histoire par une mise en scène bulldozer et un montage épileptique. Ces tics de réalisation oeuvraient dans le sens de l'histoire et le final de Requiem..., monstrueux maelström émotionnel qui aspire les personnages et leurs spectateurs dans une déchéance sans nom, est une brillante démonstration d'un réalisateur en parfaite harmonie avec son histoire, les sentiments qu'il veut transmettre et les outils à sa disposition.

 Toujours est-il qu'après un premier film intriguant, Pi, et une hallucination sur pellicule, The Fountain, Darren se lance dans un film sur le catch. Surprise de la part d'un réalisateur rare, ne sortant que peu de films mais à chaque fois des oeuvres marquantes et en ça, il boxe dans la même catégorie qu'un David Fincher. Son implication dans un sujet pareil m'avait cependant étonné, cet univers semblant à des années lumières de ses thématiques et de son travail. Puis, en effectuant un effort de mémoire salutaire, je me suis souvenu qu'il avait planché sur des projets avortés comme Batman : Dark Knight (la version de Frank Miller) et... les Watchmen. Un homme se penchant sur de tels projets ne pouvait être de mauvais fond, surtout qu'il ne s'agit pas de matériaux auxquels n'importe qui peut toucher. La moindre de ces adaptations, menées par un troufion, peut couler une carrière ou une réputation (Zack Snyder en tremble actuellement). Mais nous nous éloignons du sujet.

 Refaire par le menu les soucis qu'a connu le film serait rébarbatif, le plus marquant étant que le choix de Mickey Rourke n'était apprécié par PERSONNE (casting, producteur, distributeur...), même pour un film au budget de 6 millions de dollars. Le réal s'est alors battu pour le garder, en lui signifiant bien qu'il était le capitaine à bord et qu'il devait fermer sa gueule. Ordre auquel Rourke s'est plié pour le grand bien du film.

 Qu'a-t-on ? Un film qui semble avoir été écrit, fait, pensé pour son acteur. J'ai pu entendre, ici et là, que le scénario sentait le réchauffé et le cliché. On peut dire ça mais il serait troublant d'accepter une telle mauvaise foi et une vision en biais du film. Évacuons l'histoire, l'acteur et le thème pour se concentrer sur le coeur du film : la rédemption d'une vieille carne. Une épave détruite physiquement qui va essayer de se relever une dernière fois et de retrouver sa stature et son brillant d'autrefois. Une telle histoire se raconte avec des passages obligés : la solitude, un personnage coupé de ses proches et qui va devoir les reconquérir, les doutes, la peur, le temps... Le thème de la rédemption fait se relever au terme de longues épreuves un personnage qui gît dans la boue. Et The Wrestler traite de ça, même s'il va au bout d'une logique surprenante d'un point de vue commercial. Ici, pas de happy end ! Aronofsky peint en noir la rédemption d'un homme qui, ayant raté sa vie "civile" (sa fille le déteste, il est seul, fauché et bosse pour un patron méprisant) et vivant dans les oripeaux d'une gloire passée, décide de finir en beauté dans le seul endroit où les gens l'aiment encore et qui fait sa vie, sa "vraie vie" comme il le dit : le ring !

 La présence de Rourke pour ce rôle ajoute une valeur inestimable qu'aucun autre acteur n'aurait pu donner, tant la vie de Randy se calque sur celle de cette star qui a mordu la poussière plus que son compte et qui sort d'un enfer de plus de 10 ans. Porté par une caméra qui lui colle aux basques sans discontinuer et qui reste (hormis pour les combats) à hauteur d'homme, on suit comme un documentaire impudique la vie de cette gloire usée. Dans la première partie, l'univers des ces petits circuits de catch est dépeint avec un réalisme et un soucis du détail impressionnants : répétitions, trucs et astuces, drogues, absorption massive de médicaments, musculation, shopping (je vous laisse la surprise), bar, dédicace (qui fait froid dans le dos), avant match et après match, combats extrêmes... Une partie passionnante qui met en place le personnage dans ses habitudes avant d'être foudroyé par une crise cardiaque à la sortie d'un combat ultra-violent. Là, s'entame une deuxième partie personnelle où, obligé de délaisser les rings, cet homme brisé va s'essayer à une vie normale qu'il a toujours fui. Choix impossible pour un homme qui a dédié sa vie pour son art et qui optera pour une décision logique, lui qui sera délaissé à la fois par sa fille et une strip-teaseuse pas très futée.

 A la différence de DiCaprio et Winslet, Mickey Rourke joue son rôle avec le minimum d'artifices. Preuve qu'il touche au but, je ne le sentais jamais jouer, utiliser les trucs d'acteurs pour faire passer une émotion. Sentiment renforcé par la mise en scène fluide et dénuée d'effets d'Aronofsky. L'émotion y est vraie et elle s'installe naturellement, au fur et à mesure du film. Le plan final peut alors paraître incroyablement abrupt par rapport à une construction en crescendo mais elle s'adaptera à chaque spectateur et à ses propres sentiments. Un sentiment qui dominera pourtant tout le long du film : Mickey's back !!!

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S
Pourquoi "critiques navrantes" ? Si tu pensais vraiment qu'elles sont si nulles que ça, j'ose esperer que tu ne nous les soumettrais pas.Va falloir trouver un autre nom pour ta categorie
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