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Cinema 5

Publié le par Buster Casey

 Martyrs de Pascal Laugier.

 Plus sulfureux, tu meurs. Présenté à Cannes où l'actrice principale expliquait que le film ne trouvait aucun distributeur, précédé d'un buzz maladif, le film de Laugier ne s'est véritablement exposé au public que lorsque la commission de censure a décidé de le classer X (interdit aux moins de 18 ans).  Saw 3 avait eu droit à cet insigne honneur l'année dernière avec l'effet que l'on sait : aucune réaction particulière (à part quelques articles nous prédisant un retour de la morale dure, brrr j'ai peur...) et un succès commercial certain (presque 1 million d'entrées mais je ne suis pas sûr de mes chiffres).

 La classification hautement préjudiciable dont a écopé Martyrs a fait se réveiller d'autres bonnes consciences (?) d'où soutiens divers, pétitions et tout le tremblement. Beaucoup d'agitation qui a fait retomber l'interdiction aux moins de 16 ans avec avertissement (ce qui ne veut rien dire). Second round, critique cette fois, où les journalistes ont, à loisirs, vomi sur le film avec une haine et une rage peu communes. Le petit Xavier Leherpeur de Ciné Live s'énerve tout rouge, les Inrocks passent à côté (peut-être pas assez bobo ?), Elle nous pond une connerie en barre ("Je ne vais pas au cinéma pour voir ça" avec ton prétentieux à l'appui) et Metro (ha ha ha !) le régurgite avec brio puisque le "journaliste" plombe le film en avouant... être parti avant la fin. Bravo pour l'esprit journalistique ! Libé a aimé et Mad Movies (vous savez, l'ancien magazine qui parlait de film de genre...) hurle au chef-d'oeuvre du copain, donc très subjectif.

 Qu'en est-il ? Beaucoup de choses et d'émotions diverses. Alors oui, Martyrs est un film qui met les nerfs à rude épreuve. D'une violence graphique ahurissante où peu de choses nous sont épargnées et d'un inconfort moral constant, c'est le film le plus anxiogène depuis des années. Aucun second degré, pas un gramme d'humour, on est dans l'horreur, point barre. Voilà un film qui ne cache pas son appartenance au genre. Vous êtes vraiment dans un film d'horreur : l'histoire est horrible, ce que vous voyez est horrible et ce que vous ressentez l'est tout autant. Seulement, la force de Laugier est d'avoir réalisé un film avec une histoire. Il ne s'agit pas d'un Guinea Pigs où deux jeunes filles vont se faire torturer pendant 90 minutes. Le scénario est retors, avance et trouve une conclusion à laquelle on peut adhérer... ou pas. Toujours est-il que Laugier n'a pas voulu faire son petit film d'horreur glauque et bizarroïde où le choc des images cache un scénario aux pâquerettes. En gros, c'est pas Calvaire.

 Le point de débat du film vient d'un systématisme actuel qui a tendance à me gonfler. A savoir, faire deux films en un. Quand ça marche, c'est bien (The Dark Knight, si vous ne l'avez toujours pas vu, ne lisez plus ce blog !) et quand ça marche pas... Ben, c'est chiant ! Là, Laugier rame pour accoler la deuxième partie de son film, plus lente, à sa première, extrêmement nerveuse et tendue à péter. Seulement, c'est cette deuxième partie qui fait jaser et qui possède, je trouve, un courage peu commun. Oser faire entrer son film dans un tunnel de 20 minutes, quasi-silencieux, répétitif et délétère est couillu. Certaines personnes commençaient à râler dans la salle mais personne n'a moufté. Les amis avec qui je l'ai vu ont chacun eu leur avis sur cette partie du film. Pour moi, elle est maladroite mais utile. Elle emmène vers un climax, là encore, qui est à l'appréciation de chacun mais qui a le mérite de donner une conclusion "logique". Moi, ça me convient.

 Bref, Martyrs est un film imparfait mais courageux. Irritant, inconfortable, étouffant et d'une violence assommante, il a le mérite de faire éclore un cinéaste que l'on espère voir continuer à progresser de si forte manière.

 Bonne nuit...

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H
Pour ma part, j'ai trouvé cette partie dénuée d'interet. Certe, elle est courageuse, mais, totalement inutile. Laugier à du mal à la tenir (c'est beaucoup moins bon que le début) et surtout à la conclure : il s'enlise dans ses idées, dans ce qu'il veut dire et, au final, on n'en apprend pas plus et on s'ennui un peu.
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B
<br />  C'est votre avis, cher Hephaistos.<br /> <br /> <br />